J'ai profité de la période de relâche des fêtes de fin d’année pour décompresser. Avec ma femme, nous sommes partis à la Jamaïque, pays que je connaîs bien, terre de mes premières amours.
Programme : jogging, plage, poisson, concerts de reggae à Negril, « bain démarré » le 1er janvier aux célèbres chutes de Dun River à Ocho Rios.
Le 3 janvier, comme pour préparer le retour au travail intellectuel, j'ai assisté à une conférence d’inauguration du « Global Reggae Studies Centre Launch », présidé par un Professeur émérite de l’Université des West Indies, Mme Carolyn Cooper.
Cette soirée rassemblait d’éminentes personnalités, dont son Excellence, Dr Nafissatou Diagne, Ambassadeur du Sénégal en Jamaïque, notre hôtesse, Mme Dona Mc Farlane, et sa fille Naïma entre autres.
Dans l’exposé qu’il a présenté, sur le thème, « African conciousness in Reggae Music », Linton Kwesi Johnson, célèbre dub poète jamaïcain résidant à Londres a rappelé comment, de Marcus Garvey aux Wailers, le reggae est rattaché aux racines africaines du peuple noir.
Il interrompit l’introduction de son exposé, pour faire entendre les quelques vers de la chanson de Peter Tosh « No matter where you come from, as long as you are a black man, you are an african. No matter nationality… » (peu importe d’où tu viens, dès lors que t’es un Homme noir, tu es un africain, peu importe la nationalité…).
Marcus Garvey a été souvent cité comme le pionnier du parafricanisme, invitant les noirs de la diaspora à retourner en Afrique. Mutabaruka, autre célèbre dub poète présent dans la salle, préfère plaider pour le retour à la terre jamaïcaine de Westmorland. « Do you remember the day of slavery » de Burning Spear, évoquant non seulement les brutalités du temps passé de l’esclavage et nous rappelant que les discriminations, brutalité, exclusion et marginalisation sont toujours actuelles.
En illustrant ses propos par des extraits musicaux de différents artistes, LKJ a rendu son discours, pourtant très sérieux et très riche, plus digeste.
« There is a land far away where there’s no night, there’s only day Satama asagana… who is a king. » (il y a une terre éloignée où il n’y pas de nuit mais toujours le jour).
De la réalité jusqu’au au fantasme, l’Afrique terre de rêve, mère des civilisations, hante la chanson jamaïcaine, plus précisément le Reggae, a-t-il dit !
Le Reggae n’échappera pas à l’influence de la lutte anti-appartheid des années 70.
« If Africa no free, black man can’t free » (Twinkle Brothers )
« Africa must be free by the year of 1983 » chantait un autre artiste, assassiné très jeune ; Bob Marley a célébré la naissance du nouvel état du Zimbabwe. Il exhortera les africains en chantant « Africa unite », pour ne citer que ces quelques exemples d’extraits de la conscience africaine bien présente dans le Reggae.
A travers le « Sound System », le reggae a offert un instrument de résistance culturel aux antillais de Londres.
Mais la fin du 20ème siècle a vu se décliner la présence de cette conscience africaine dans le reggae, sous l’effet d’une société de consommation dont la musique n’est pas exclue.
LKJ sera en Guadeloupe en février.
La soirée s’est terminée par quelques poèmes déclamés par :
« Sister Breeze » que l’on croyait à la retraite, mais qui a montré toute sa vitalité dans un hommage prononcé aux pionniers du reggae pro-africain
« Takura » un jeune dub poète, lion rebelle, présenté par Mutabaruka qui s’est fait prier pour finalement céder aux nombreuses sollicitations du public, par un court propos.
Retour à Saint-Martin où j'ai fait ma rentrée, à mon cabinet secondaire de Marigot. 2010, cest parti ! Fos é kouraj, Peace and Love à tous.
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